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Narcomanta : c’est quoi cette banderole des trafiquants de drogue ?

Analyse du narcomanta, ce message des narcotrafiquants tantôt bienveillant, tantôt menaçant. Ces banderoles sont souvent photographiées.

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une banderole portant l'inscription "narcomanta"
image générée à l'aide de l'intelligence artificielle

Si vous avez déjà voyagé au Mexique, vous avez peut-être croisé un narcomanta sans le savoir. Ces banderoles, installées par des trafiquants de drogue, sont cependant bien connues des habitants. Et pour cause : de leur lecture assidue, dépend leur propre sécurité.

Mais alors, à quoi servent vraiment ces narcomantas ? Pour le comprendre, il est important de connaître le contexte socio-économique dans lequel ceux-ci s’inscrivent. Nous nous sommes donc penchés sur les nombreux cas rapportés outre-Atlantique, pour y voir plus clair. Suivez notre dépistage, images à l’appui.

Qu’est-ce qu’un narcomanta ?

Un narcomanta est un message à l’intention de la population d’une certaine zone géographique. En règle générale, celle-ci se délimite à l’échelle d’une ville ou d’un quartier.

Le narcomanta est le plus souvent rédigé avec des lettres noires, sur un support blanc. Il s’agit, la plupart du temps, d’un matériau recyclé pour l’occasion, comme un drap ou une bâche en plastique. Pour que le contenu soit lisible, il est important que le tissu reste suffisamment tendu. Pour ce faire, les narcotrafiquants doivent donc parfois lester leur création.

TF1, dans un documentaire publié récemment, avait publié la photo d’un narcomanta. Vous pouvez lancer la lecture de la vidéo ci-dessous pour l’apercevoir. Celle-ci démarre automatiquement au bon timecode.

Qui publie des narcomantas ?

Ce sont les trafiquants de drogue latino-américains qui publient des narcomantas. La pratique est plus particulièrement attestée au Mexique, où les cartels de la cocaïne se disputent le territoire. Leur fonctionnement se rapproche de celui d’une armée, avec explosifs et blindés à leur disposition.

L’identité précise des criminels installant les banderoles reste secrète, sauf cas exceptionnel. On constate, en outre, qu’une omerta certaine règne au sein des populations vivant sous le joug des cartels. En effet : sur place, parler, c’est craindre pour sa propre vie. Ceci, sans compter les nombreux soutiens des habitants pour les narcotrafiquants. Sans eux, l’économie locale serait parfois à l’arrêt.

Parmi les cartels déjà soupçonnés de diffuser des narcomantas, on retrouve le cartel de Sinaloa, Los Zetas et La Familia Michoacana. Autant de distributeurs épinglés pour participer à la crise des opioïdes aux États-Unis. Dans le pays, des dizaines de milliers de personnes meurent encore d’overdose chaque année.

Des messages de plusieurs types

Avertissements

De nombreux narcomantas sont déposés en ville afin de rappeler les règles à suivre pour les habitants. Les trafiquants y appellent notamment au silence, et réitèrent leurs véhémences envers les autorités. En mars, c’est par exemple le directeur d’une unité de police qui s’est vu menacé de la sorte.

Les narcomantas permettent également aux cartels de communiquer avec les factions adverses. Ainsi, à Culiacán, les soldats de Los Chapitos (cartel de Sinaloa) ont déjà menacé l’un de leurs rivaux. Dans le message à son encontre, les criminels assuraient qu’ils livreraient l’homme aux États-Unis comme ils l’ont fait avec El Mayo (Ismael Zambada García).

Le narcomanta pour la prévention

Malgré tout, les narcomantas sont également déployés pour assurer davantage de sécurité aux habitants. En prévoyant une attaque contre un groupe rival, les cartels installent ainsi des banderoles avertissant la population du danger imminent. Pour éviter les balles perdues, il est alors recommandé de ne pas sortir de chez soi lors des prochaines 24 h. Ce que beaucoup d’habitants ne font pas.

À la rédaction, nous avions déjà aperçu ces narcomantas préventifs lors de notre passage à Tulum. Stratégiquement positionnée entre la jungle et le littoral, cette ville de la Riviera Maya accueille de nombreux touristes chaque année. Non loin de Cancún, il s’agit ainsi d’une adresse de fête privilégiée des habitants de Miami, des digital nomads et des amateurs de plongée. La cocaïne y coule à flots. Prix : environ 90 $ le gramme.

Rallier les habitants aux causes du narcotrafic

La troisième raison pour laquelle un narcomanta peut être publié, c’est pour faire valoir les causes des narcotrafiquants. Une stratégie de communication véritablement politique et compréhensible, car les cartels ne sont pas toujours vus d’un très bon œil par la population.

Pour l’expliquer, il suffit de se pencher sur les conséquences du trafic de drogue sur leur quotidien. Entre violence, disparitions et divergences géopolitiques avec le voisin américain, les raisons de ne pas porter les narcotrafiquants dans son cœur sont ainsi nombreuses.

Les Mexicains, et parfois d’autres populations latinos, comme les Salvadoriens, sont ainsi particulièrement discriminés chez l’Oncle Sam. Il leur est notamment plus difficile d’accéder au rêve américain. Le « mur » qui sépare les États-Unis et le Mexique en est l’exemple le plus marquant.

Où peut-on voir des narcomantas ?

Avant toute chose, rappelons que les narcomantas sont donc souvent synonymes de danger. Si bien qu’il est tout à fait compréhensible de ne pas souhaiter en croiser. En outre, rappelons que le narcotrafic est en général illégal et à l’origine de graves problèmes de santé publique.

Malgré tout, si vous espérez croiser un jour un narcomanta, alors le Mexique est probablement le pays le plus adapté. De plus, même si vous ne sortez pas beaucoup, il suffit d’être connecté avec des locaux pour être tenu au courant. Des photos des banderoles sont ainsi partagées sur les réseaux sociaux, afin d’alerter la population des risques qu’elle encourt.

En Europe, on sait que les dealers communiquent aussi publiquement avec leurs clients. Les prix des drogues sont parfois écrits sur les murs de certaines cités, quand ce ne sont pas des flyers que l’on distribue dans les boîtes aux lettres. La communication compte aussi beaucoup sur les réseaux sociaux, désormais.

Éditeur de Kanard. Journaliste tech durant 10 ans. Hôte d'événements centrés autour de la musique électronique depuis 2015.

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