De nouvelles statistiques alarmantes au Cambodge. En seulement 5 mois, plus de 10 000 personnes ont été arrêtées dans des affaires de drogue. Une réalité qui se reflète dans les principaux médias du pays, relatant régulièrement le succès de ce genre d’opération. Sur place, les quelques rares journaux qui subsistent sont acquis à la cause du gouvernement.
Si cette situation est inquiétante pour la liberté de la presse, comme le rapporte Reporters sans frontières, ce n’est rien face aux traitements réservés à ces milliers de toxicomanes. Ainsi, alors que de nombreux pays misent sur les soins et la prévention, c’est ici la répression qui règne.
Une nouvelle app, NoDrug, permet en outre aux habitants de signaler la géolocalisation des consommateurs de drogue. Lancée début 2024, le pays n’a pas hésité à en faire la promotion lors des festivités du Nouvel An aux temples d’Angkor. C’était en avril dernier.
Des étrangers dans le viseur
Le département national de lutte contre la drogue annonce avoir aussi mis la main sur près de 250 étrangers. Un chiffre à mettre en parallèle avec les risques du narcotrafic pour ces « barang » dans le pays des Khmers.
Pour eux, il se murmure qu’il est ainsi très dangereux de vendre à des locaux. Ces derniers considèreraient en effet que ce marché leur est réservé. Ne pas respecter cette règle tacite, c’est risquer de se voir dépouillé. Voire jeté en prison, où les détenus vivent à même le sol, dans des cellules insalubres, en surnombre et sans climatisation ni ventilateur.
Récemment, nous nous sommes notamment fait l’écho d’un ressortissant européen ayant développé sa propre affaire de vente de cannabis. Repéré par la police, il se verra finalement offrir un choix cornélien : quitter le pays ou débourser 20 000 dollars.
La drogue au Cambodge, un véritable démon culturel
Si la législation est si dure envers les usagers de drogue au Cambodge, c’est car les stupéfiants y sont extrêmementmal vus. Le sujet est si tabou que pour bon nombre de Khmers, les grandes différences entre chaque produit sont inconnues.
Pourtant, on sait aujourd’hui que certaines substances comme le cannabis sont bien moins dangereuses que d’autres drogues. Que ce soit pour la société ou la santé des consommateurs. D’ailleurs, la marijuana s’avère parfois « tolérée » au Cambodge. Prudence, toutefois, car ceci dépend de nombreux facteurs contextuels.
Dans le pays, aux mains de la famille Hun depuis la chute des Khmers rouges, c’est surtout la métamphétamine qui fait des dégâts. Aussi appelée la drogue qui « rend fou », « yabba » ou « ice », cette molécule est particulièrement addictive. Certains l’apprécient en festival, pour rester en éveil durant plusieurs jours. Mais les dommages sur le corps et la psyché des consommateurs sont terribles.