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Répression

L’Équateur veut renforcer l’état d’urgence sur le modèle Bukele

Le président s’inspire de son homologue salvadorien : Nayib Bukele. Mais des ONG de protection des droits de l’homme pourraient s’en mêler.

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Daniel Noboa de profil

Le président, Daniel Noboa, s’inspire de son homologue salvadorien : Nayib Bukele. Mais des associations de protection des droits de l’homme pourraient s’en mêler.

Coup dur pour le narcotrafic en Équateur. Le président fraîchement réélu, Daniel Noboa, souhaite qu’une nouvelle loi renforce les pouvoirs des autorités. Celle-ci étendrait le champ d’action des arrestations préventives. Avec un risque de capture arbitraire, sur le modèle du Salvador actuel.

Dans le pays de Nayib Bukele, la police est en mesure d’incarcérer des criminels présumés – parfois sans procès équitable. Une stratégie permettant au Salvador de figurer parmi la liste des pays les plus sûrs au monde. Pourtant, quelques années plus tôt, le plus petit pays d’Amérique centrale continentale était l’un des plus dangereux. Le taux d’homicide y était ainsi l’un des plus élevés.

Quels sont les risques pour les narcotrafiquants ?

Concrètement, les membres de cartels locaux pourraient être arrêtés sur simple dénonciation. Daniel Noboa souhaite aussi que les forces de l’ordre équatoriennes puissent perquisitionner sans mandant. En outre, la mise à pied de policiers et soldats accusés de violer les droits de l’homme pourrait être levée présomptivement.

Les principales organisations criminelles de l’Équateur sont Los Choneros et Los Lobos. Ces derniers sont alliés avec le CJNG, ou cartel de Jalisco Nouvelle Génération. Il s’agit d’un de rivaux du cartel de Sinaloa, à l’origine de l’importation massive de cocaïne et d’opioïdes aux États-Unis.

En Équateur, ces « mafias » font déjà face à l’état d’urgence depuis le mois dernier. La période doit durer 60 jours, contre un mois au Salvador. Sauf que sous Bukele, l’état d’urgence a été renouvelé plus de 30 fois depuis 2022. Et ce, malgré le retour de la « paix ».

Une « paix » relative, car les rares prisonniers innocentés du Salvador sont en danger suite à leur libération. Il leur faut notamment changer très vite de vêtements, pour ne pas être reconnus à cause de leur uniforme.

Le parlement de l’Équateur dans la boucle

Selon l’agence de presse Bloomberg, la concentration des pouvoirs autour de Daniel Noboa convainc le parlement local. L’assemblée nationale devrait ainsi voter cette nouvelle loi. Une confirmation qui interroge. Surtout quand on sait que les dérives autoritaires du gouvernement Bukele s’attirent justement l’attention d’observateurs des droits de l’homme.

Certes, ce changement a de grandes chances d’offrir de meilleures conditions de vie aux habitants de l’Équateur. Les locaux pourraient ainsi retrouver la sécurité, perdue depuis le début de la guerre contre la drogue vers 2018. Mais à quel prix ? Les libertés individuelles pourraient en pâtir durablement, car le conflit ne risque pas de se résorber en un claquement de doigts.

Un atout pour la guerre contre la drogue de Trump

En luttant davantage contre le narcotrafic, l’Équateur pourrait aussi s’attirer les faveurs de l’administration Trump. Sur place, les overdoses se comptent par dizaines de milliers chaque année – même si ce chiffre est en baisse. Or, le pays de Daniel Noboa figure parmi les principales routes des producteurs de drogue sud-américains pour l’importation.

Et pour cause ; la jungle du Darién Gap entre la Colombie et le Panama est réputée quasiment infranchissable. Quelques rares migrants s’y risquent au péril de leur vie, mais c’est à peu près tout. Cet isthme entre l’Amérique du Sud et la partie septentrionale du continent est aussi connu comme la dernière portion inachevée de la route panaméricaine.

C’est pour cette raison que les cartels colombiens comme le clan del Golfo préfèrent exporter la drogue via l’Équateur. Historiquement, la cocaïne est ainsi transportée par bateau depuis la province de Manabí, parfois directement jusqu’aux États-Unis.

Prudence, cependant : il s’agirait de ne pas conclure de pactes secrets avec les narcotrafiquants. C’est en effet ce que reproche le département du trésor américain aux dirigeants du Salvador. L’institution vient d’ailleurs tout juste de sanctionner le « monsieur prison » de l’administration Bukele.

Éditeur de Kanard. Journaliste tech durant 10 ans. Hôte d'événements centrés autour de la musique électronique depuis 2015.

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